Une promesse spirituelle


 Une promesse spirituelle 

Et le devenir de l’humanité

Par Djamal Boucherf

 

"Au nom du tout Miséricordieux le très Miséricordieux"

"Et Nous avons certes écrit dans les Psaumes (Az-Zabûr), après l’avoir mentionné (dans le Livre céleste), que la Terre sera héritée par Mes bons serviteurs." (Sourat Al Anbya’ 21 :105)

 

Lecture universelle du verset 21:105

Dans le Coran, un verset affirme une idée forte et ancienne, déjà présente dans les Écritures antérieures.La terre, dans son sens le plus large, revient à ceux qui sont justes et vertueux. Cette affirmation ne se présente pas comme une revendication politique ni comme l’annonce d’une domination future. Elle s’inscrit plutôt comme une loi morale de l’histoire humaine, selon laquelle les sociétés ne prospèrent durablement que lorsqu’elles sont portées par des individus responsables, droits et conscients de leurs actes.


Loin de se limiter à un contexte religieux fermé, cette promesse interroge la relation entre la vertu humaine et le devenir collectif. Elle invite à réfléchir à la manière dont certaines valeurs finissent, avec le temps, par s’imposer, non par la force mais par leur cohérence et leur capacité à répondre aux crises profondes des sociétés.


Une idée qui dépasse la notion de conquête

Le texte coranique n’évoque pas une prise de pouvoir brutale ni une victoire imposée. Il parle d’héritage. Or, dans toutes les cultures, l’héritage suppose une légitimité, une continuité et une responsabilité. On hérite de ce que l’on est capable de préserver, non de ce que l’on s’approprie par la contrainte.


Cette distinction est essentielle. Elle suggère que la stabilité d’un ordre humain ne repose pas uniquement sur la force économique ou militaire, mais sur une base morale suffisamment solide pour soutenir la durée. Là où la corruption, l’injustice et la perte de sens deviennent dominantes, les sociétés finissent par s’épuiser, quelles que soient leurs réussites apparentes.

 

Un phénomène contemporain observable

A l’époque actuelle, un fait mérite attention, l’Islam progresse dans des régions où il n’est ni culturellement hérité ni socialement majoritaire, notamment dans des sociétés historiquement chrétiennes ou sécularisées. Cette progression ne s’explique pas par la contrainte ni par un héritage familial. Elle repose principalement sur des démarches individuelles, souvent solitaires, issues d’une quête de sens personnelle.


De nombreuses personnes se tournent vers l’Islam après un cheminement intellectuel et spirituel, attirées par la clarté du monothéisme, la cohérence du message moral et la responsabilité individuelle qu’il propose. Ce phénomène s’inscrit dans un contexte plus large de remise en question des modèles spirituels et philosophiques modernes, souvent perçus comme insuffisants face aux crises existentielles contemporaines.


Une réalisation lente et non spectaculaire

La promesse évoquée dans le texte coranique ne s’accomplit pas par des événements soudains ou spectaculaires. Elle se déploie dans le temps long. Les transformations les plus durables de l’histoire humaine ont rarement été immédiates. Elles ont commencé par des changements de mentalités, de valeurs et de priorités, bien avant de devenir visibles à l’échelle collective.


L’idée d’héritage suggère précisément ce processus graduel. Les sociétés changent lorsque ce qui était considéré comme secondaire devient central et lorsque les valeurs autrefois marginales s’enracinent dans les consciences. La terre, au sens symbolique comme au sens concret, change alors de sens avant de changer de mains.


La logique morale derrière la promesse

Selon la vision coranique, la terre ne peut être confiée durablement qu’à des individus capables de la gérer avec justice. Cette idée rejoint une intuition largement partagée, aucune civilisation ne survit longtemps lorsqu’elle sacrifie l’éthique à l’efficacité immédiate.


La progression de l’Islam par adhésion volontaire, souvent en dehors de toute pression sociale, peut ainsi être comprise comme un processus de sélection morale. Ceux qui y entrent le font après réflexion, parfois au prix de ruptures personnelles importantes. Cette démarche confère à leur engagement une profondeur particulière et explique pourquoi la transformation commence à l’échelle individuelle avant de prendre une dimension collective.


Une responsabilité avant d’être un privilège

Dans cette perspective, l’héritage de la terre n’est pas un privilège accordé à un groupe, mais une responsabilité confiée à ceux qui sont prêts à l’assumer. Il ne s’agit pas de supplanter les autres mais de porter un rapport plus juste à la vie, à la dignité humaine et à la transcendance.


L’universalité de cette promesse tient précisément à cela, elle ne dépend ni de l’origine ni de la culture ni de l’histoire familiale. Elle repose sur l’adhésion consciente à des principes moraux et spirituels considérés comme justes et sur la capacité à les incarner dans la durée.


Le déplacement du centre de gravité religieux mondial

Lorsqu’on observe la répartition contemporaine de la population musulmane à l’échelle mondiale, un constat s’impose : l’Islam n’est plus circonscrit à une aire culturelle ou géographique donnée. Il constitue aujourd’hui une réalité globale, présente sur l’ensemble des continents, avec des dynamiques différenciées mais convergentes. Cette diffusion planétaire permet de comprendre la promesse évoquée dans le verset 21:105 non comme une conquête territoriale, mais comme un déplacement progressif du centre de gravité religieux du monde.


D’un point de vue strictement démographique, le cœur de la population musulmane se situe en Asie, qui regroupe près de 60 % des musulmans du monde, notamment en Asie du Sud et en Asie du Sud-Est. Acette masse s’ajoute l’Afrique, où la croissance est particulièrement rapide et structurelle. Ces deux continents forment aujourd’hui l’axe principal du poids démographique musulman mondial. A eux seuls, ils suffiraient déjà à expliquer un centre de gravité situé à l’est et au sud du bassin méditerranéen.


Mais réduire la question à une simple donnée numérique serait insuffisant. Le déplacement du centre de gravité ne s’opère pas uniquement par la concentration des masses humaines ; il se manifeste aussi par l’extension géographique, symbolique et civilisationnelle. C’est ici que l’Europe et les Amériques prennent toute leur importance.


En Europe, l’Islam est devenu la deuxième religion du continent. Avec environ 45 à 50 millions de musulmans, il ne s’agit plus d’une présence marginale ou transitoire, mais d’un fait structurel, enraciné depuis plusieurs générations. Cette implantation revêt une portée particulière, car elle s’inscrit au cœur même de l’ancien monde chrétien occidental. Bien que minoritaire en proportion, la présence musulmane en Europe exerce un poids symbolique majeur, participant à un déplacement du centre de référence religieux et culturel du continent.


Sur le continent américain, la population musulmane reste numériquement plus faible, mais sa signification dépasse largement les chiffres. En Amérique du Nord, l’Islam est visible, institutionnalisé et durablement implanté, notamment dans les grandes métropoles. En Amérique latine et dans les Caraïbes, il progresse plus discrètement, mais s’enracine dans des sociétés qui, historiquement, lui étaient presque totalement étrangères. Cette présence américaine ne déplace pas à elle seule le centre de gravité démographique, mais elle élargit le champ global de l’Islam et confirme son caractère véritablement universel.


Ainsi, le centre de gravité religieux du monde ne se déplace pas de manière brutale ni spectaculaire. Il se redessine progressivement, sous l’effet combiné de la croissance démographique en Asie et en Afrique, de l’enracinement symbolique en Europe et de l’extension géographique dans les Amériques. Ce mouvement n’est ni militaire ni idéologique. Il procède d’une transformation silencieuse des sociétés, par la transmission, l’adhésion, la continuité générationnelle et la reconnaissance progressive du message islamique.


Dans cette perspective, la promesse divine évoquée par le Coran ne se réalise pas par la prise de terres ou la domination des peuples, mais par un rééquilibrage profond du monde, où le poids humain, spirituel et civilisationnel se déplace naturellement. Le centre de gravité change parce que la masse change et la masse change parce que les consciences, les familles et les sociétés se transforment dans la durée.

 

Conclusion – La promesse et sa réalisation silencieuse

C’est à la lumière de cette réalité globale que le verset 21:105 du Coran prend tout son sens : « Nous avons déjà écrit dans le Zabour, après le Rappel, que la terre sera héritée par Mes serviteurs vertueux. »L’héritage dont il est question ne se manifeste ni par la conquête des territoires ni par la domination des peuples, mais par un déplacement progressif et profond du centre de gravité du monde. A mesure que la masse humaine musulmane croît et se réorganise, principalement en Asie et en Afrique, tout en s’enracinant durablement en Europe et en s’étendant aux Amériques, le poids spirituel, culturel et civilisationnel de l’humanité se redessine. Cette transformation, silencieuse mais irréversible, ne procède pas de la force, mais de la transmission, de l’adhésion et de la continuité. La promesse divine ne s’accomplit donc pas dans le fracas de l’histoire, mais dans son rééquilibrage lent, lorsque les serviteurs vertueux deviennent suffisamment nombreux, dispersés et enracinés pour porter la terre comme une responsabilité et non comme un but de domination.

La présence musulmane en Europe

 



Données générales (ordre de grandeur)

• Europe : environ 45 à 50 millions de musulmans
• Environ 6 à 7 % de la population européenne totale
• Présence structurelle, pas temporaire
• Croissance due à :
natalité
enracinement familial
conversions (minoritaires mais réelles)
immigration ancienne (années 1950–1970) devenue générationnelle

L’Islam est aujourd’hui la deuxième religion d’Europe, derrière le christianisme.

Principaux pays européens

🇫🇷 France

• 5,7 à 6,5 millions
• ≈ 8 à 10 %
• Islam le plus visible d’Europe
• Présence ancienne, urbaine, multigénérationnelle

🇩🇪 Allemagne

• 5 à 5,5 millions
• ≈ 6 à 7 %
• Forte structuration institutionnelle

🇬🇧 Royaume-Uni

• 4,5 à 5 millions
• ≈ 7 à 8 %
• Islam très enraciné (écoles, institutions, élites)

🇮🇹 Italie

• 2,5 à 3 millions
• ≈ 4 à 5 %
• Croissance rapide

🇪🇸 Espagne

• 2 à 2,3 millions
• ≈ 4 à 5 %
• Retour historique significatif

🇳🇱 Pays-Bas

• ≈ 6 %
• Communautés très structurées

🇧🇪 Belgique

• ≈ 7 à 8 %
• Forte concentration urbaine

🇸🇪 Suède

• ≈ 8 %
• Croissance rapide

Ce qui distingue l’Europe (point clé)

Contrairement à :

• l’Asie → cœur démographique
• l’Afrique → croissance massive
• l’Amérique → implantation diffuse

L’Europe est le cœur symbolique et historique du christianisme occidental.

Donc la présence musulmane en Europe a une valeur gravitationnelle disproportionnée par rapport aux chiffres.

Pourquoi ?

• parce qu’elle s’installe au centre de l’ancien monde chrétien
• parce qu’elle y devient visible, durable, enracinée
• parce qu’elle y provoque un débat civilisationnel profond

En termes de centre de gravité, l’Europe est un pivot.

La présence musulmane sur le continent américain

Amérique du Nord




 

États-Unis

• Environ 3,5 à 4 millions de musulmans
• ≈ 1 à 1,2 % de la population
• Présence concentrée dans les grandes métropoles :
New York – New JerseyChicagoDetroit / DearbornCalifornie (LosAngeles, Bay Area)Texas (Houston, Dallas)
• Population très diversifiée :
Afro-Américains
Immigrés et descendants du Moyen-Orient
Sud-Asiatiques
Conversions réelles et continues

Canada

• Environ 1,8 million de musulmans
• ≈ 5 % de la population
• Forte concentration à :
TorontoMontréalVancouver
• Croissance rapide et structurelle (natalité + immigration + conversions)

 

Point clé :
En Amérique du Nord, l’Islam n’est pas marginal ; il est visible, institutionnalisé et en croissance continue.

 

Amérique latine et Caraïbes

 

Ici, les chiffres sont beaucoup plus faibles, mais très significatifs symboliquement.

Brésil

• ≈ 1,5 million (souvent sous-estimé)
• Présence ancienne (immigration libanaise, syrienne)
• Conversions récentes en hausse

Argentine

• ≈ 500 000
• Communautés structurées (Buenos Aires)

Mexique

• Minorité faible numériquement
• Conversions locales visibles, notamment chez les populations indigènes

Caraïbes

• Trinidad & Tobago, Guyana, Suriname :
Islam ancien
Héritage indo-musulman
Islam profondément enraciné

 

Point clé :
En Amérique latine, l’Islam ne domine pas, mais il s’installe durablement là où il n’existait presque pas.

 

Lecture “centre de gravité” (ce qui intéresse vraiment)

• Le continent américain n’est pas un foyer démographique musulman
• Mais il est :
un espace de conversion
un espace de visibilité
un espace d’implantation durable
• Donc il ajoute du poids au système mondial

Le centre de gravité ne se déplace pas parce que l’Amérique devient musulmane,
mais parce que l’Islam est désormais présent partout, y compris dans les anciens centres du christianisme occidental.C’est ça le point décisif.

En Amérique, l’Islam ne représente pas encore une majorité démographique. Mais sa présence continue, visible et enracinée dans des sociétés historiquement chrétiennes participe pleinement au déplacement du centre de gravité religieux mondial. Ce n’est pas la domination numérique qui déplace le centre, mais l’extension géographique et la permanence de la masse humaine.

les estimations de Pew Research indiquent qu’en 2020 la population musulmane mondiale est d’environ 2,0 milliards, avec une concentration majoritaire en Asie-Pacifique (~59%)et une part importante en Afrique subsaharienne (~18%), et une forte présence au Moyen-Orient/Afrique du Nord.

 

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