La pression atmosphérique Et les signes Divins
La pression atmosphérique
Et les signes Divins
Par Djamal Boucherf
Au temps du Prophète ﷺ, les hommes vivaient surtout dans les plaines et les vallées. Les montagnes, bien qu’admirées pour leur majesté, étaient redoutées pour leur rudesse. Monter en altitude signifiait s’essouffler, sentir sa poitrine se resserrer, manquer d’air. Dans le désert d’Arabie, où chaque souffle compte, cette sensation était familière à ceux qui gravissaient les reliefs.
C’est alors qu’Allah révéla :
« Et quiconque Allah veut guider, Il lui ouvre la poitrine à l’Islam. Mais quiconque Il veut égarer, Il rend sa poitrine étroite et oppressée, comme s’il s’efforçait de monter au ciel. » (6:125)
Ibn Kathîr, dans son Tafsir, explique que ce verset fait le parallèle entre deux réalités : la guidance et l’égarement. Celui qu’Allah guide a le cœur dilaté, ouvert à la lumière. Celui qu’Allah égare, en revanche, vit une oppression intérieure, semblable à celle que l’homme ressent lorsqu’il grimpe haut dans le ciel.
Tabarî insiste : cette comparaison montre que l’Islam apporte sérénité, tandis que le rejet de la foi apporte suffocation.
Qurtubî, quant à lui, souligne la justesse de l’image : qui n’a pas ressenti cette difficulté de respirer en altitude ?
Les compagnons comprirent tout de suite la puissance de cette comparaison. Ils savaient que la montée dans les montagnes rend la respiration difficile. Voir ce phénomène naturel utilisé comme image spirituelle frappait leur cœur, la foi, c’est respirer librement ; l’incrédulité, c’est suffoquer.
Le Prophète ﷺ évoquait souvent la notion de « poitrine ouverte». Dans un hadith rapporté par Ahmad, il dit : « Lorsque la lumière entre dans le cœur, la poitrine s’élargit. » On lui demanda : « Quel en est le signe ? » Il répondit : « Le retour vers la demeure éternelle, le détachement de la vie d’ici-bas et la préparation à la mort avant qu’elle ne survienne. » Ainsi, l’oppression de la poitrine est le symbole du refus de la vérité, tandis que son ouverture est le signe de la guidance.
Les médecins musulmans observaient déjà que l’air est vital. Ibn Sina, dans son Canon de médecine, écrivait que la respiration est le processus qui maintient la vie, en purifiant le sang. Il notait que l’air des montagnes est plus léger et que certains hommes y trouvent difficulté à respirer. Al-Razi, lui, parlait des « vents internes » du corps, reliant la respiration au bien-être intérieur. Bien qu’ils n’aient pas la notion moderne de l’oxygène, ils avaient compris l’importance vitale de l’air.
La science contemporaine a confirmé cette description coranique. Plus on monte en altitude, plus la pression atmosphérique diminue. L’air devient plus rare et la quantité d’oxygène disponible diminue. L’homme ressent alors un essoufflement, un resserrement de la poitrine, parfois des vertiges, c’est ce qu’on appelle aujourd’hui le « mal des montagnes ».
A partir de 3 000 mètres, la plupart des personnes commencent à souffrir du manque d’oxygène. A 8 000 mètres, sans assistance, la survie est presque impossible. Les alpinistes qui gravissent l’Himalaya doivent utiliser des bouteilles d’oxygène. L’image donnée par le Coran au VIIᵉ siècle — « comme s’il s’efforçait de monter au ciel » — correspond parfaitement à cette réalité physique.
Ce phénomène n’était évidemment pas connu à l’époque. Aucun instrument ne permettait de mesurer la pression de l’air, et personne ne pouvait s’élever dans le ciel. Pourtant, le Coran en a fait une métaphore frappante, qui garde toute sa justesse aujourd’hui.
Mais ce verset ne s’arrête pas à une description scientifique. Il en fait une parabole spirituelle. Celui qui refuse la foi vit une oppression intérieure semblable au manque d’oxygène, son cœur est étroit, il étouffe, il cherche un souffle qu’il ne trouve pas. Celui qui accepte la guidance, au contraire, respire comme dans une vallée ouverte, où l’air est abondant et pur.
Al-Ghazali écrivait : « La foi est une lumière qui dilate la poitrine, comme l’air qui emplit les poumons. L’incrédulité est une obscurité qui la resserre, comme le manque d’air oppresse le corps. »
Aujourd’hui, les hommes voyagent en avion, gravissent les sommets, explorent les limites de l’atmosphère. Partout, ils confirment que l’air devient plus rare et que l’oppression est réelle. Mais au-delà de la physique, ce verset leur parle de leur âme. Car beaucoup, dans le confort de la vie moderne, suffoquent intérieurement. Ils cherchent à combler ce vide par les richesses, les plaisirs, les idéologies. Mais seul Allah ouvre véritablement la poitrine.
Le croyant, lorsqu’il médite ce verset, comprend qu’il n’a pas seulement besoin d’oxygène pour vivre, mais aussi de foi pour respirer spirituellement. La guidance est une respiration intérieure.



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