Invoquer un autre que Dieu en islam


 Invoquer un autre que Dieu en islam 

une déviation du Tawhîfd 

 

 

Le Coran est un dialogue vivant entre le Créateur et Ses créatures. Parmi les thèmes récurrents et puissants qu’il aborde, figure celui de l’invocation (duʿā'), de la proximité divine et de la réponse de Dieu aux appels sincères

Deux passages fondamentaux éclairent ce sujet avec intensité : la sourate Al-Baqara (2:186) et la sourate Ghâfir (40:60-62). Ces versets révèlent non seulement la relation étroite entre Dieu et l’être humain, mais aussi la noblesse, l'efficacité et l’obligation morale de l’invocation. 

À travers l’analyse des tafsîrs classiques, nous découvrirons combien ces versets fondent une spiritualité du dialogue permanent avec Dieu, ancrée dans Sa miséricorde et Sa seigneurie.

 

1- Analyse du verset 2:186 :

"Et quand Mes serviteurs t'interrogent sur Moi… alors Je suis tout proche : Je réponds à l'appel de celui qui M'invoque, quand il M'invoque. Qu'ils répondent donc à Mon appel, et qu'ils croient en Moi, afin qu'ils soient bien guidés."
(Sourate Al-Baqara, 2:186)

-Tafsîr des grands exégètes :

• Ibn Kathîr : Ce verset est d’une puissance particulière, car contrairement aux autres versets où Dieu dit à son Prophète : « Dis… », ici Il répond directement sans intermédiaire : "Je suis tout proche". Cela souligne l’intimité et l’immédiateté de la relation entre le Créateur et Sa créature.

 

• Al-Qurtubî : Il insiste sur le fait que cette proximité est spirituelle et miséricordieuse et non spatiale. Dieu est proche par Sa science, Sa bienveillance et Son écoute. Cela réfute tout éloignement ou froideur dans la divinité.

 

• At-Tabarî : Il affirme que ce verset est une invitation claire à l’invocation et que Dieu répond toujours, bien que la forme de la réponse puisse varier, soit par ce qu’on demande, soit par un bien équivalent, soit par l’éloignement d’un mal.

-Leçon spirituelle :

Ce verset se situe dans le contexte du jeûne (Ramadan), ce qui suggère que l’invocation y est encore plus puissante. Il révèle un Dieu accessibleattentifcompatissant et Il lie l’acceptation de l’invocation à deux conditions :

1. Répondre à Son appel (en pratiquant Sa religion)
2. Croire en Lui avec sincérité

2-Analyse des versets 40:60 à 62 :

"Et votre Seigneur dit : 'Invoquez-Moi, Je vous répondrai. Ceux qui, par orgueil, se refusent à M’adorer entreront bientôt dans l’Enfer, humiliés.'60

C’est Dieu qui a fait pour vous la nuit pour que vous vous y reposiez, et le jour pour y voir clair. Dieu est certes Détenteur de la grâce envers les hommes, mais la plupart des gens ne sont pas reconnaissants. 61

Voilà Dieu, votre Seigneur, Créateur de toute chose. Point de divinité à part Lui. Comment donc vous laissez-vous détourner ?" 62

(Sourate Ghâfir, 40:60-62)

 

-Tafsîr des grands exégètes :

• Ibn Kathîr : Le verset 60 est une ordonnance divine directe. Dieu ordonne l’invocation et Il promet la réponse. Ce verset est un fondement majeur de la spiritualité islamique. Refuser de Le prier est qualifié ici de kibr (orgueil), qui mène à l’Enfer.

 

• Fakhr ad-Dîn ar-Râzî : Il explique que Dieu condamne l’orgueil spirituel de ceux qui pensent ne pas avoir besoin de prier. Il souligne la logique du verset : ne pas invoquer, c’est implicitement refuser d’adorer Dieu.

 

• Al-Qurtubî : Il relie ces versets à la preuve cosmique de l’existence de Dieu : la nuit et le jour sont des signes visibles qui appellent à la gratitude et à la reconnaissance. Ceux qui refusent de voir cela s’éloignent du Tawhîd (l’unicité divine).

-Leçon spirituelle :

Ici, l’invocation est présentée non seulement comme un acte d’amour et de demande, mais aussi comme un acte d’adoration fondamental. Refuser d’invoquer Dieu revient à nier Son seigneurie. Le Coran nous rappelle que le monde est rempli de signes pour ceux qui veulent bien réfléchir, et que la gratitude est la voie de la guidance.

Les versets 2:186 et 40:60 à 62 s’accordent pour transmettre un message essentiel : Dieu est proche, accessible et miséricordieux, mais Il attend de Ses serviteurs qu’ils Le reconnaissent, L’invoquent avec humilité et gratitude, et qu’ils répondent à Son appel. 

L’invocation n’est pas seulement une simple demande d’aide,c’est un acte d’adoration, une déclaration d’amour, de foi et de dépendance totale envers le Créateur. Les exégètes classiques nous enseignent que chaque invocation sincère est entendue, même si sa réponse ne prend pas toujours la forme attendue. Le croyant est ainsi appelé à persévérer, avec certitude et espoir, dans son dialogue avec Dieu.

Dans le message fondamental de l'islam, rien n'est plus central que le Tawhîfd, l'affirmation de l'unité exclusive d'Allah dans Son essence, Sa souveraineté, Ses noms et attributs et surtout dans l'adoration (al-ʿibāda). Parmi les formes les plus nobles de l'adoration figure l'invocation (duʿaʼ), que le Coran considère comme un lien direct et intime entre le serviteur et son Créateur. 

Pourtant, au fil du temps, certaines déviations sont apparues dans la pratique de certains musulmans, notamment dans certaines branches chiites et soufies, où l'on invoque d'autres entités qu'Allah, comme des prophètes, des imams ou des "saints", dans les moments de besoin. 

Cette dissertation se propose d'analyser ce phénomène à la lumière du Coran, de la Sunna et des explications des savants musulmans classiques.

3. Le statut de l'invocation en islam

L'invocation est une forme d'adoration élevée. Le Prophète Muhammad (صلى الله عليه وسلم) a dit :

"L'invocation, c'est l'adoration." (Hadith authentique, rapporté par At-Tirmidhî)

Dans le Coran, Allah dit :

"Invoquez-Moi, Je vous répondrai. Ceux qui, par orgueil, se refusent à M’adorer entreront bientôt dans l’Enfer, humiliés." (Sourate Ghâfir, 40:60)

Ce verset montre que refuser d'invoquer Dieu est une forme d'orgueil, assimilée à une forme de mécréance.

4. L'interdiction d'invoquer autre qu'Allah

Le Coran répète à plusieurs reprises que l'on ne doit invoquer personne avec Allah :

"Et les mosquées sont consacrées à Allah : n’invoquez donc personne avec Allah." (Sourate Al-Jinn, 72:18)

"Et quiconque invoque avec Allah une autre divinité, sans preuve, aura à rendre compte à son Seigneur. Les mécréants ne réussiront pas." (Sourate Al-Mu'minûn, 23:117)

3. Les pratiques déviantes chez certains groupes

Les musulmans qui demandent simplement à un wali ou imam de prier pour eux (intercession)

Cela est permis de leur vivant s’ils sont pieux, comme on demande à quelqu’un : “Fais duʿā’ pour moi”. Le Prophète  le faisait aussi.

Mais demander à un mort (dans sa tombe) d’intercéder, en son absence ou après sa mort, est une pratique qui n’a aucun fondement dans le Coran ni dans la Sunna.

Que font certains musulmans comme les chiites extrémistes ou certains soufis ?

Chez certains chiites extrêmes, comme les ghulāt(extrémistes), on trouve des invocations telles que :

• " ‘Alî madad" (O ‘Alî, secours-moi)
• " ḥusaynichfaʼ " (O Ḥusayn, intercède pour moi)

Certains groupes soufis déviants disent aussi :

• " Jīlānīaghithnī" (O ‘Abd al-Qādir al-Jīlānī, viens à mon secours)

Ces pratiques sont qualifiées de shirk akbar (polythéisme majeur) si l'on croit que ces personnes ont un pouvoir propre indépendant de Dieu.

4. Position des savants classiques

• Ibn Taymiyya : « Celui qui invoque un mort pour qu’il l’aide ou intercède, cela est du shirk, car seul Allah entend tout et a le pouvoir absolu. » (Majmū‘ al-Fatāwā)
• Ibn Kathîr : « Il n’est permis d’invoquer qu’Allah. Celui qui appelle un autre dans l’adoration, commet une association (shirk). »
• Imam Mālik : Refusait même de dire " Rasûl Allāh" à la tombe du Prophète par crainte de tomber dans l’exagération.

5. Le danger spirituel du polythéisme caché (shirk khafî)

Beaucoup de ces musulmans ne réalisent pas qu'ils tombent dans une forme de Shirk khafî (le polythéisme caché). Pourtant, le Prophète صلى الله عليه وسلم a dit :

"Le polythéisme dans ma communauté est plus caché que le mouvement d'une fourmi noire sur une pierre noire dans une nuit noire."

C’est pourquoi il est vital d’éduquer les musulmans sur la pureté du Tawhīd.

L'islam est une religion fondée sur la pureté de la foi, lasoumission totale à Allah Seul et la rupture avec toute forme d'association, aussi subtile soit-elle. 

Invoquer un prophète, un saint, un imam ou tout autre est une violation grave de l'unicité divine si cela s'accompagne d'une croyance en leur pouvoir propre. 

Le Coran et la Sunna sont clairs sur cette question. Le musulman sincère doit purifier son « aqīda » (croyance) et diriger toutes ses invocations uniquement vers Allah, qui entend tout, voit tout et répond à ceux qui L’appellent avec foi et humilité.

"Et quand Mes serviteurs t’interrogent sur Moi, alors Je suis tout proche : Je réponds à l’appel de celui qui M’invoque, quand il M’invoque..." (Sourate Al-Baqara, 2:186)

 

 


Commentaires

Articles les plus consultés