La Majesté d’Allah face à l’insuffisance humaine


 La Majesté d’Allah face à l’insuffisance humaine

 

La sourate Az-Zumar (Les Groupes), 39ᵉ du Coran, est une révélation mecquoise qui traite de manière approfondie de la foi sincère (ikhlâṣ), du monothéisme pur (tawḥîd) et de la Résurrection (al-Qiyâma). 

Les versets 67 à 75, en conclusion de cette sourate, décrivent avec une intensité dramatique et théologique la fin des temps,la manifestation de la Puissance absolue d’Allah, l’anéantissement de la création, la résurrection des morts, le Jugement Dernier et la distinction ultime entre les damnés et les bienheureux. 

Ces versets forment un tableau saisissant du destin final de l’humanité, appelant le lecteur à la méditation profonde sur le sens de la vie et la réalité de l’au-delà.

 

I. La Majesté d’Allah face à l’insuffisance humaine (v. 67)

« Ils n'ont pas estimé Allah à Sa juste valeur, alors que le Jour de la Résurrection la terre entière sera dans Sa poigne, et les cieux seront enroulés dans Sa main droite. Gloire à Lui ! Il est au-dessus de ce qu'ils Lui associent. »

Ce verset met en accusation l’humanité qui, dans son idolâtrie ou sa négligence, ne reconnaît pas la grandeur réelle d’Allah. La poigne de Dieu et les cieux enroulés sont des images puissantes de Sa souveraineté cosmique. 

Les commentateurs classiques (Ibn KathîrAt-Ṭabarî) soulignent que cela indique non pas une corporéité de Dieu, mais l’expression de Sa domination absolue sur la création.

Ce verset constitue une réprimande, les êtres humains malgré les signes évidents de la création, minimisent la majesté divine. Il marque le contraste entre la petitesse des créatures et l'immensité du Créateur.

II. Le moment de la Fin : le souffle dans la Trompe (v. 68)

« Et on soufflera dans la Trompe, et tous ceux qui sont dans les cieux et sur la terre tomberont foudroyés, sauf ceux qu’Allah voudra [épargner]. Puis on y soufflera de nouveau, et les voilà debout à regarder. »

Le verset évoque deux souffles de la Trompe (As-Sûr) par l’ange Isrâfîl. Le premier provoque la mort générale, tandis que le second entraîne la résurrection. Cette scène fait partie des descriptions eschatologiques récurrentes dans le CoranAllah dit dans la Sourate El Haqqa, verset 13, Allah dit : « Quand on souffla dans la trompe, d'un seul souffle, »

Puis dans la Sourate Ya’Sin, verset 51 : « Il sera soufflé dans le Cor, et voilà que, (sortis) des tombes, ils accourront tous vers leur Seigneur. »

La mention de « sauf ceux qu’Allah voudra » a donné lieu à différentes interprétations, certains exégètes y voient les martyrs, les anges ou d’autres créatures échappant à la mort selon la sagesse divine. Ce verset montre à quel point le destin est entièrement entre les mains de Dieu, du commencement à la fin.

 

III. L'apparition de la Justice divine (v. 69-70)

« La terre resplendira de la lumière de son Seigneur ; le Livre sera déposé, on fera venir les prophètes et les témoins, et on jugera les gens en toute équité sans qu’ils ne soient lésés.¤ Et chaque âme sera rétribuée selon ce qu’elle aura œuvré. Et Allah connaît parfaitement ce qu’ils font. »

Le Jugement Dernier se déroule dans une lumière divine, une manifestation de la justice d’Allah. Le Livre désigne le registre des œuvres humaines et les témoins incluent les angesscribes, les membres des corps et les prophètes eux-mêmes (cf. 4:41, 24:24). 

Cette scène exprime une justice universelle, infaillible et individualisée, reflet de la connaissance absolue d’Allah.

IV. Le destin des damnés (v. 71)

« Ceux qui ont mécru seront conduits par groupes en Enfer. Lorsqu’ils y parviennent, ses portes s’ouvriront, et ses gardiens leur diront : "Des messagers parmi vous ne vous sont-ils pas venus ?..." »

Le terme « groupes » (zumar) revient ici pour désigner les damnés, poussés en masse vers l’Enfer. Ce verset illustre la responsabilité morale personnelle, car les messagers ont averti, mais la mécréance a persisté. Les gardiens de l’Enfer (Zabâniya) témoignent de la véracité du Message transmis.

V. L’entrée des pieux au Paradis (v. 73)

« Et ceux qui auront craint leur Seigneur seront conduits par groupes au Paradis. Quand ils y parviendront, et que ses portes s’ouvriront, ses gardiens leur diront : "Paix sur vous ! Vous avez été bons : entrez donc, pour y demeurer éternellement." »

Ce passage, miroir du précédent, offre un tableau de joie et de paix. Contrairement aux damnés, les pieux sont accueillis avec respect et salutation, preuve de l’amour divin. Le Paradis est décrit comme un lieu de stabilité éternelle.

Enfin, le verset 75 clôt la sourate :

« Et tu verras les anges faisant cercle autour du Trône, proclamant la gloire de leur Seigneur. Et il sera jugé entre eux en toute équité. Et il sera dit : "Louange à Allah, Seigneur des univers." »

Cette image finale exprime la consécration de la justice divine, avec la louange ultime qui transcende le jugement. Les anges autour du Trône ('Arsh) évoquent la majesté suprême et la centralité de l’adoration dans l’ordre cosmique.

Les versets 67 à 75 de la sourate Az-Zumar forment une conclusion puissante à cette sourate orientée vers le monothéisme et le destin eschatologique. À travers des images saisissantes, poigne divine, souffle de la Trompe, résurrection, jugement, Allah y rappelle Sa souveraineté, Sa justice parfaite, et la réalité incontournable du Jour Dernier. 

Cette séquence pousse à la réflexion sur la vanité des idoles, la nécessité de croire sincèrement et la préparation à la Rencontre avec le Créateur. Elle scelle la sourate par une proclamation cosmique : « Louange à Allah, Seigneur des univers », soulignant que tout l’univers converge vers le tawḥîd et la justice ultime.

 

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