La loyauté des croyants
La loyauté des croyants
à l’épreuve de la normalisation avec Israël
Les versets 51 à 58 de la sourate Al-Mā'idah (La Table Servie) ont une forte portée spirituelle, politique et morale. Ils abordent la question des alliances, de la loyauté entre les croyants et les non-croyants et surtout de la vigilance face aux ennemis déclarés ou hypocrites de l’islam.
I. Contexte et contenu des versets 51 à 58 de la sourate Al-Mā’idah
A. Contexte historique et révélatoire ;
B. Interdiction des alliances avec les ennemis de l’islam ;
C. Le critère de l’amitié et de l’hostilité en islam.
II. Analyse morale et politique des versets
B. Le rôle de l’identité islamique dans les choix d’alliance ;
C. L’humiliation prévue pour ceux qui abandonnent la voie divine.
III. Application contemporaine : La normalisation avec Israël
A. La question de la Palestine et la fraternité islamique ;
B. La normalisation, alliance politique ou trahison spirituelle ?
C. Les conséquences morales et géopolitiques de ces choix.
Sens de la Sourate Al-Mā’idah, versets 51 à 58
La sourate Al-Mā’idah, cinquième chapitre du Coran, est connue pour la rigueur de ses prescriptions et pour sa mise en garde claire aux croyants contre les compromissions morales et politiques.
Les versets 51 à 58, en particulier, avertissent les musulmans contre le fait de prendre les juifs et les chrétiens comme alliés privilégiés lorsqu’ils sont hostiles à l’islam.
Dans un contexte moderne, où plusieurs pays arabes ont récemment normalisé leurs relations diplomatiques avec Israël, ces versets offrent une lecture spirituelle et morale puissante.
Cette dissertation vise à explorer le sens profond de ces versets et leur résonance avec la politique contemporaine.
I. Contexte et contenu des versets 51 à 58 de la sourate Al-Mā’idah
A. Contexte historique et révélatoire
Ces versets furent révélés à une époque où la communauté musulmane de Médine faisait face à des alliances fragiles et à des trahisons répétées, notamment de la part de certaines tribus juives de Médine (comme Banū Qurayẓah et BanūNaḍīr). Le Prophète ﷺ mettait en garde contre toute dépendance politique ou militaire à l’égard de groupes hostiles.
B. Interdiction des alliances avec les ennemis de l’islam
«Ô vous qui avez cru ! Ne prenez pas les Juifs et les Chrétiens comme alliés. Ils sont alliés les uns des autres. Et celui d'entre vous qui les prend pour alliés devient des leurs.» (S.5:V.51)
Ce verset central met en lumière un principe fondamental, la loyauté (al-walā’) doit d’abord aller à la communauté des croyants. Il ne s’agit pas ici d’un rejet des autres religions en soi, mais d’une interdiction de s’allier à ceux qui combattent activement l’islam ou cherchent à affaiblir ses fondements.
C. Le critère de l’amitié et de l’hostilité en islam
L’islam établit un équilibre entre justice envers les non-musulmans (quand ils sont pacifiques) et fermeté envers ceux qui montrent une hostilité manifeste.
D'autres versets du Coran autorisent l’équité envers les non-croyants pacifiques (Sourate Al Moumtahana, verset 8) : « Dieu ne vous défend pas d'être bienfaisants et équitables envers ceux qui ne vous ont pas combattus pour la religion et ne vous ont pas chassés de vos demeures. Car Dieu aime les équitables. »
Mais Sourate Al-Mā’idah parle ici spécifiquement d’alliances politiques avec des ennemis connus.
II. Analyse morale et politique des versets
« Tu verras ceux qui ont la maladie dans le cœur se précipiter vers eux, en disant : "Nous craignons qu’un revers de fortune ne nous frappe." Mais peut-être qu’Allah apportera la victoire, ou un ordre venant de Lui. Alors ils regretteront ce qu’ils ont dissimulé en eux-mêmes. »
(Sourate 5, verset 52)
Ce verset montre que ceux qui cherchent à plaire aux ennemis d’Allah le font par peur, par manque de foi et non par conviction juste. Ils dévoilent une maladie intérieure, la faiblesse du cœur.
Le verset condamne non seulement les alliances physiques, mais aussi le risque d’adopter la mentalité et les valeurs des ennemis de l’islam. Lorsque le croyant commence à s’identifier à ceux qui combattent sa foi, c’est son propre cœur qui devient malade (verset 52). La perte de repères spirituels est alors inévitable.
B. Le rôle de l’identité islamique dans les choix d’alliance
Les musulmans sont appelés à rester fermes dans leur identité. Cela implique de ne pas se vendre politiquement pour des intérêts mondains, surtout quand cela implique une trahison des causes justes, comme celle de la Palestine.
Allah promet d’ailleurs de faire apparaître une autre génération de croyants loyaux, si la communauté actuelle se détourne.
C. L’humiliation prévue pour ceux qui abandonnent la voie divine
« L'humiliation les frappera partout où ils seront, sauf s'ils bénéficient d'une alliance avec Allah ou avec les croyants » (Sourate Al Imran, v.112)
« Ô vous qui avez cru ! Quiconque parmi vous renie sa religion... Allah fera venir un peuple qu’Il aime et qui L’aime, humble envers les croyants, fier et digne envers les mécréants, qui lutte dans le sentier d’Allah et ne craint le blâme d’aucun blâmeur. »
(Sourate 5, verset 54)
Ce verset annonce que si certains musulmans délaissent leur foi et leur loyauté, Allah les remplacera. Il promet une génération plus pure, plus ferme, qui ne recherche pas l’approbation des ennemis.
Les versets de Al-Mā’idah rappellent ce principe, lorsque les musulmans s’allient aux ennemis d’Allah en délaissant leur propre fraternité, ils deviennent faibles, divisés et finissent par être dominés.
III. Application contemporaine : La normalisation avec Israël
A. La question de la Palestine et la fraternité islamique
Israël est perçu par de nombreux musulmans comme un occupant colonial injuste de la terre de Palestine. Normaliser les relations avec un tel régime, sans conditions, revient à oublier la souffrance du peuple palestinien et à tourner le dos au devoir de fraternité que le Coran impose.
B. La normalisation : alliance politique ou trahison spirituelle ?
Même si certains dirigeants justifient la normalisation par des intérêts économiques ou stratégiques, du point de vue des versets étudiés, il s’agit d’une forme d’alliance interdite avec ceux qui combattent l’islam et tuent les croyants. Le Coran n’autorise pas les alliances avec ceux qui expulsent les croyants de leurs terres (Sourate Al Moumtahana, verset 9) : « Dieu vous interdit seulement de prendre pour alliés ceux qui vous ont combattus pour la religion, qui vous ont chassés de vos demeures et qui ont soutenu votre expulsion. Ceux qui les prennent pour alliés : voilà les injustes. »
C. Les conséquences morales et géopolitiques de ces choix
Les peuples musulmans perçoivent ces accords comme une humiliation, une trahison de Jérusalem et de la mosquée Al-Aqsa. Ils provoquent aussi un affaiblissement de l’unité de la Ummah et renforcent l’arrogance de l’oppresseur. Ce que les versets annoncent se réalise, division, perte de confiance, et affaiblissement général.
« Ô vous qui avez cru ! Ne prenez pas pour alliés ceux qui se moquent de votre religion et la prennent en dérision, parmi ceux à qui le Livre a été donné avant vous et parmi les mécréants. Et craignez Allah si vous êtes croyants. »
(Sourate 5, verset 57)
« Et quand vous faites l’appel à la prière, ils en prennent objet de moquerie et de jeu. C’est qu’ils sont des gens qui ne raisonnent pas. »
(Sourate 5, verset 58)
Ces deux derniers versets dénoncent l’hypocrisie et le mépris des ennemis de l’islam, même lorsqu’on les approche avec paix, ils ridiculisent les symboles de l’islam (comme l’adhān). Cela confirme l’erreur que représente toute tentative d'alliance ou de soumission à leurs valeurs.
Conclusion
La sourate Al-Mā’idah, à travers ses versets 51à54 et 57à58, établit une ligne claire sur la question des alliances en islam,on ne pactise pas avec ceux qui combattent la foi et oppriment les croyants.
La normalisation entre certains pays arabes et Israël apparaît alors non seulement comme une erreur politique et un acte contre nature mais aussi comme une trahison spirituelle des valeurs coraniques. Il appartient aux croyants de rester fermes dans leur loyauté envers Allah, Ses messagers et la communauté des croyants.



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