Il n’y a de Dieu que Dieu


 Il n’y a de Dieu que Dieu

 

La sourate Al-idah est l’une des dernières révélées au Prophète Muhammad (), ce qui lui confère un caractère de finalité et de synthèse dans l’enseignement islamique. Elle traite de divers sujets, dont les relations interreligieuses, la loi islamique, et la clarté du monothéisme pur (tawhid).

Les versets 116, 117 et 118 de la sourate Al-idah abordent un dialogue entre Allah et Jésus (Issa, paix sur lui) au Jour du Jugement, concernant la croyance en la divinité de Jésus et de sa mère, Marie (Maryam:

 

Les versets (Coran 5:116-118) :

(5:116) "Et quand Allah dira : « Ô Jésus, fils de Marie, est-ce toi qui as dit aux gens : 'Prenez-moi, ainsi que ma mère, pour deux divinités en dehors d’Allah ?' » Il dira : « Gloire à Toi ! Il ne m’appartient pas de dire ce dont je n’ai aucun droit. Si je l’avais dit, Tu l’aurais su. Tu sais ce qu’il y a en moi, et je ne sais pas ce qu’il y a en Toi. C’est Toi, en vérité, le grand connaisseur de toute chose cachée."

(5:117) "Je ne leur ai dit que ce que Tu m’avais commandé, à savoir : 'Adorez Allah, mon Seigneur et votre Seigneur.' Et je fus témoin contre eux aussi longtemps que je fus parmi eux. Puis quand Tu m’as rappelé à Toi, c’est Toi qui fus leur observateur attentif. Et Tu es témoin de toute chose."

(5:118) "Si Tu les châties, ils sont Tes serviteurs. Et si Tu leur pardonnes, c’est Toi, le Tout-Puissant, le Sage."

Ces trois versets relatent un dialogue entre Allah et Jésus (Issa, paix sur lui) lors du Jour du Jugement. Allah interroge Jésus sur la prétendue divinisation de sa personne et de sa mère par certains de ses partisans. Jésus répond en niant avoir jamais prêché autre chose que l’adoration d’Allah seul. Ce passage est crucial pour la théologie islamique, car il rejette la Trinité et affirme le monothéisme pur (tawhid).

I. Analyse exégétique (Tafsir) des versets

1.1. Verset 116 : L’interrogation d’Allah à Jésus

Allah s’adresse à Jésus au Jour du Jugement :

"Ô Jésus, fils de Marie, est-ce toi qui as dit aux gens : 'Prenez-moi, ainsi que ma mère, pour deux divinités en dehors d’Allah ?' "

Cette question n’implique pas qu’Allah ignore la réponse, mais elle est posée pour établir une preuve contre ceux qui ont attribué à Jésus et Marie un statut divin.

Jésus répond immédiatement : "Gloire à Toi ! Il ne m’appartient pas de dire ce dont je n’ai aucun droit."

Cette réponse exprime une exaltation d’Allah (Subhanallah), indiquant que toute idée de divinisation est une grande injustice.

Jésus souligne ensuite que rien n’échappe à la connaissance divine :

"Tu sais ce qu’il y a en moi, et je ne sais pas ce qu’il y a en Toi."

Cela signifie que Jésus est un serviteur limité et ne possède pas la connaissance divine absolue.

 

Interprétation par les exégètes :

• Ibn Kathîr : Ce verset réfute directement la Trinité et rappelle que Jésus n’a jamais prétendu être une divinité.
• Al-Tabari : L’objectif de ce dialogue est de confronter ceux qui ont exagéré dans l’amour de Jésus en le considérant comme un être divin.

1.2. Verset 117 : Jésus affirme son message authentique

"Je ne leur ai dit que ce que Tu m’avais commandé, à savoir : 'Adorez Allah, mon Seigneur et votre Seigneur.'"

Jésus rappelle qu’il a toujours prêché le monothéisme pur (tawhid), comme l’ont fait tous les prophètes.

La phrase "mon Seigneur et votre Seigneur" insiste sur l’unicité absolue d’Allah, rejetant toute idée de divinité partagée.

"Et je fus témoin contre eux aussi longtemps que je fus parmi eux."

Tant que Jésus était vivant, il a surveillé et guidé son peuple vers la vérité. Mais après son élévation auprès d’Allah, il ne pouvait plus être témoin de ce qu’ils ont fait de son enseignement.

Ibn Kathîr et Al-Qurtubi expliquent que cela désigne les altérations qui ont eu lieu après Jésus, notamment la doctrine de la Trinité et l’élévation de Jésus au rang de "Fils de Dieu".

1.3. Verset 118 : L’attitude de Jésus envers ses partisans

 

"Si Tu les châties, ils sont Tes serviteurs. Et si Tu leur pardonnes, c’est Toi, le Tout-Puissant, le Sage."

Jésus ne maudit pas ceux qui ont altéré son message, mais laisse leur sort entre les mains d’Allah. Cela reflète la miséricorde de Jésus, qui espère que son peuple sera pardonné.

• Al-Qurtubi commente que cette réponse de Jésus est un modèle d’humilité et de soumission à Allah.
• Al-Tabari souligne que cette déclaration ressemble aux paroles du Prophète Ibrahim (14:36) et du Prophète Muhammad (9:80), montrant la continuité du message prophétique.

II. Analyse historique du verset

2.1. Contexte de révélation et message antitrinitaire

Ces versets ont été révélés pour répondre aux croyances chrétiennes qui se sont développées après Jésus. A l’époque de Jésus, ses disciples croyaient en un Dieu unique. Après son élévation, des courants théologiques divergents ont émergé.

Le Concile de Nicée (325 après J.-C.) a officialisé la doctrine de la Trinité.

L’islam est venu corriger ces altérations en rappelant que Jésus était un simple prophète.

2.2. Impact sur les relations islamo-chrétiennes

Ces versets ont joué un rôle clé dans les dialogues entre musulmans et chrétiensLe Prophète Muhammad  a débattu avec des chrétiens de Najrân, leur expliquant que Jésus n’était qu’un prophète.

L’islam respecte Jésus et Marie, mais rejette la Trinité et la divinisation de Jésus. Au fil des siècles, ces versets ont été cités par les savants musulmans dans les débats interreligieux.

En conclusion, les versets 5:116-118 sont une réfutation claire de la divinisation de Jésus et de Marie. Ils rappellent que Jésus n’a jamais prêché autre chose que le monothéisme et que toute croyance en sa divinité est une altération de son message originel.

D’un point de vue exégétique, ces versets réfutent la Trinité et l’élévation de Jésus au rang de divinité et Soulignent l’humilité de Jésus face à Allah.

D’un point de vue historique, ils montrent comment le christianisme a évolué après Jésus et ont influencé les débats entre musulmans et chrétiens à travers l’histoire.

Enfin, ces versets nous rappellent l’importance du monothéisme pur (tawhid) et le respect envers les prophètes sans exagération ni déviation.

 

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